L’intelligence artificielle : une technologie pour un monde meilleur ? 

Post 01/05 – L’intelligence artificielle : qu’est-ce que cela représente? 

Des questions au cœur des préoccupations :

L’importance fulgurante prise par l’intelligence artificielle (IA) dans notre monde actuel, de par ses résultats spectaculaires connectés à notre quotidien, commence à attiser toute sorte de sentiments au sein du grand public. 

C’est un engouement sans précédent et quasi planétaire que connaissent ces nouveaux outils d’IA dite générative, à l’image des deux produits phares de la compagnie OpenAI, ChatGPT et DALL-E. Le premier élabore des textes et soutient des conversations proches à s’y méprendre à ceux élaborés par des humains, tandis que le deuxième produit des images artistiques tout simplement ahurissantes. Dans un autre chapitre moins médiatique, l’utilisation de l’IA dans des secteurs plus « sérieux » comme la santé, l’agriculture ou l’industrie automobile, moins récente et beaucoup plus étendue, n’en étale pas moins de réguliers grands coups d’éclat, sur des capacités largement étendues et clairement exponentielles.  

Si certains la voient comme un sauveur de l’humanité, d’autres cependant y perçoivent plutôt un risque pour sa sérénité. Toutefois, presque tout le monde s’accorde sur sa place probablement centrale dans l’humanité du futur… ou pour le futur de l’humanité.

Comment aborder l’intelligence artificielle ? Comment la développer ? comment la maitriser et en faire un outil qui sera aux services des hommes mais sans les asservir ? autant de questions sur lesquelles se plongent aujourd’hui tous les stratèges, visibles ou invisibles, de notre petit monde si fragile.

Au sein de tous les cénacles des nations, ces questions sont importantes et y répondre une nécessité, mais avant de le faire, et avant de s’extasier ou de s’horrifier sur le champ colossal du possible plus ou moins certain, il est essentiel d’essayer de bien comprendre ce dernier, d’en examiner quelques tenants et aboutissants majeurs, et de tenter de se forger ainsi sa propre opinion.   

Une double perception :

L’intelligence artificielle (IA) est un domaine de l’informatique qui vise à créer des machines capables d’effectuer des tâches nécessitant en temps normal l’intelligence humaine. L’IA est devenue une technologie de plus en plus importante au cours des dernières décennies, et des progrès importants ont été réalisés dans ce domaine, pour lequel il est aisé de deviner que des pans gigantesques sont encore à défricher. 

Pour le commun des mortels, les résultats les plus spectaculaires et les plus visibles de cette discipline se résumaient jusqu’à maintenant à sa capacité à battre les meilleurs joueurs de Go ou des échecs au monde, ou à piloter de manière totalement autonome et en toute sécurité des voitures, des drones ou même des fusées. Cependant, au vu des développement récents, il n’y a pas l’ombre d’un doute que son potentiel et son impact à venir seront autrement plus spectaculaires, s’étendant presque sans limites. 

Les articles de presse et les productions des médias traditionnels ou des réseaux sociaux foisonnent d’exemples plus innovants les uns par rapport aux autres, avec des aspects parfois fascinants et parfois inquiétants, sur l’impact de cette technologie complexe sur nos vies et nos industries. 

Ainsi, cette « intelligence des machines », sensée reproduire ou au moins augmenter celle de l’homme, est souvent présentée sous deux angles différents, certes opposés, mais pouvant dangereusement se rapprocher. 

Certains la voient comme un sauveur de notre planète et de ses habitants, révolutionnant la gestion des ressources et les habitudes de consommation, apportant des solutions à la famine, au réchauffement climatique et asservissant à l’infini les capacités exponentielles des machines. D’autres, et pas des moindres, l’appréhendent comme une puissance destructrice si non régulée, contrôlée et apprivoisée. 

Des opinions diverses dans un champs divergent :

Il y a quelques années déjà, Elon Musk et Stephen Hawkins, la pensaient sérieusement capable de prendre le contrôle de nos systèmes, nous causant tort et même destruction, dans des actions à trajectoires inconnues, issues d’une pensée mécanique puissante et foisonnante, irrévocable et dénuée de sentiments. Cette perception profonde de l’intelligence artificielle, unissant un entrepreneur de génie et un savant de renommée mondiale, en fait sans aucun doute un sujet vital dans l’histoire de l’humanité.

Plus récemment, au « World Governement Summit 2023 » organisé aux Émirats Arabes Unis, premier pays à avoir un ministre de l’Intelligence Artificielle, Klaus Schwabb, l’énigmatique fondateur du « World Economic Forum » de Davos, l’homme qui a conceptualisé à la fois la révolution industrielle 4.0  et le Grand « Reset » post-COVID, a déclaré : «…nous venons juste de passer à la phase exponentielle, et je suis d’accord, l’intelligence artificielle … mais aussi d’autres nouvelles technologies, … vont énormément affecter notre vie dans dix ans, qui en sera complètement différente, et celui qui maîtrisera ces technologies, en quelque sorte, sera le Maître du Monde » , rien que cela!

Il poursuit ce discours légèrement prophétique mais avec un ton encore plus inquiétant pour quelqu’un en principe bien informé :  « ma profonde préoccupation est que ces technologies, … si nous ne façonnons pas ensemble les politiques nécessaires, échapperont à notre pouvoir de les maîtriser,… parce qu’il est relativement facile de comprendre comment fonctionne un ordinateur … comment fonctionne une machine à vapeur… mais comment fonctionnent réellement les ordinateurs quantiques… comment fonctionne l’intelligence artificielle, en particulier si elle se reproduit elle-même. L’une de mes préoccupations est donc de savoir comment façonner les politiques nécessaires pour s’assurer que ces technologies servent l’humanité » conclut-il faisant couler quelques sueurs froides à l’audience.

Cette puissance doublée d’une croissance exponentielle de l’IA est également illustrée dans deux exemples très concrets mais néanmoins beaucoup plus positifs par Satya Nadella, CEO de Microsoft : «… Le premier exemples est  celui d’Andrej Karpathy, le génie concepteur de l’autopilote des voitures Tesla, annoncant que 80% du code informatique qu’il écrit aujourd’hui est créé par GIThub Copilot (un assistant IA de codage informatique). Pensez-y un instant: l’un des développeurs d’IA les plus élites au monde reconnaissant que l’IA est beaucoup plus productive que lui…. Et le deuxième exemple se passe en Inde, où j’ai assisté à une démonstration complètement époustouflante pour moi : j’ai vu quelqu’un utiliser l’une des langues vernaculaires indiennes, parler à un bot que Microsoft a étudié avec nos partenaires du ministère de l’électronique pour utiliser l’IA en vue de démocratiser la traduction linguistique en Inde. Voici donc quelqu’un qui est en Inde rurale et qui utilise l’une de ses langues locales, qui parle à un bot sur WhatsApp, voulant avoir accès à un programme gouvernemental. Il pose alors des questions sur le programme, et le bot revient et lui explique qu’il doit aller sur le portail et faire X, Y et Z. La personne lui rétorque en disant qu’il ne veut pas aller sur le portail, et demande au bot de le faire pour lui. Et donc c’est quelqu’un qui est en Inde rurale, exprimant une pensée assez élaborée, même s’il ne sait peut-être pas comment naviguer dans un ensemble complexe d’instructions. Cela a donc été rendu possible par l’équipe de développement qui avait utilisé GPT (« Generative Pre-trained Transformer », un outil IA d’apprentissage supervisé) pour intégrer tous les documents du gouvernement indien et s’y entrainer,  les rendant ensuite accessibles dans toutes les langues de l’inde et complètement automatisables »

Le CEO de Microsoft reconnait n’avoir jamais vu de sa vie une telle diffusion technologique, du moins au cours des 30 années de sa présence dans le monde de la hi Tech ; c’est donc une démonstration visible pour tous, où une avancée, qui s’est produite sur la côte ouest des États-Unis, apparaît en des termes très réels pour quelqu’un au fin fond de l’Inde rurale, en quelques mois. 

Il poursuit sa pensée : « Je ne pense pas que cela se soit produit lors de la dernière révolution industrielle. Mais peut-être que cette fois-ci, dans ce qui est en quelque sorte l’équivalent de la révolution industrielle pour les travailleurs du savoir, cela va aider tout le monde. Donc je retiens ces deux situations ; le développeur d’IA le plus élitiste au monde d’un côté, et de l’autre l’agriculteur rural en Inde pouvant accéder aux programmes gouvernementaux via l’IA. Voilà, ces deux anecdotes me disent au moins clairement quel est le pouvoir de cette chose » conclut-il avec un mélange de certitude et d’éblouissement.

Enfin, et pour clore les citations tout en étant à la fois local et global, un prestigieux invité aux « Techinnov days » sur l’IA organisés au Maroc en janvier 2023, Yann LeCun, scientifique en chef pour l’IA chez Meta et figure mondiale de cette discipline, déclarait tout simplement : « A terme, les systèmes d’IA seront aussi intelligents, sinon plus intelligents que les humains », il ajoute tout de même dans ses propos, peut-être pour les tempérer, et malgré les résultats spectaculaires des outils IA à la disposition du public aujourd’hui :  « Il ne faut pas se tromper, les systèmes actuels de production et de compréhension des textes et  des dialogues sont en fait très limités, et sont très loin d’atteindre le niveau d’intelligence que l’on observe chez les humains et même chez les animaux. On est un peu trompé par leur capacité linguistique, mais ces systèmes n’ont aucune compréhension du monde sous-jacent et donc avant qu’on ait des systèmes qui soient un petit peu équivalent à l’intelligence humaine ça va prendre des années peut être des décennies »

En 2023, International Data Cooperation estime que le chiffre d’investissement mondial en IA dépassera les 500 milliards de dollars, et selon une étude récente de PricewaterhouseCoopers, la diffusion de l’IA va venir insuffler 15700 milliards de dollars dans le PIB Mondial d’ici 2030. Sur ce total la Chine et l’Amérique du Nord empocheront plus des deux tiers, avec une part prépondérante pour l’un ou l’autre, selon le point de vue et la géographie des observateurs. Le reste sera réparti entre quelques rares pays asiatiques ou européens. 

Quant au reste du monde, si rien n’est engagé, à l’image des actions émanant du concert des nations angoissées par les conséquences du changement climatique, ils courront probablement vers des moments très difficiles, pour ne pas dire catastrophiques. Kai-Fu Lee, expert mondial des plus reconnu en IA, investisseur en capital-risque dans la Silicon Valley et en Chine, après avoir travaillé chez Apple, Microsoft et Google, estime avec perspicacité que : « … sur le plan économique et technologique, l’IA est naturellement attirée vers les situations de monopole … faute d’être maitrisée, elle va entrainer une aggravation spectaculaire des inégalités, au sein des États et entre eux »

Ces développements d’envergures auront également un impact non négligeable sur les emplois, et là encore les avis divergent : certains analystes voient l’IA responsable direct ou indirect de la destruction de dizaines de millions d’emplois pour les années à venir, sans que ceux qu’elle va créer puissent les supplanter, amenant la nécessité de réfléchir à une sorte de revenu minimum universel, tandis que d’autres sont convaincus que la création de valeurs des nouveaux emplois venus grâce ou à cause de l’IA compensera globalement celle qu’elle aura détruite. Ce sujet sensible, présent dans toutes les pensées et probablement analysé en profondeur dans des notes confidentielles gouvernementales, n’offre pas aujourd’hui de certitude, si ce n’est celle liée à une appréhension et une excitation tout à fait compréhensibles.

Une approche optimiste

En synthèse, et au vu de ces chiffres significatifs, de ces sujets graves et de ces multiples avis forts, émis par des institutions ou des personnages tout à fait légitimes sur le sujet, il est clair que l’intelligence artificielle est une puissante nouvelle technologie inéluctable, pouvant permettre le meilleur et le pire, présente sur quasi tous les secteurs en relation avec notre monde, et engagée aujourd’hui par ses acteurs et parties prenantes dans une croissance exponentielle effrénée. 

Cet élan va sans aucun doute se poursuivre durant plusieurs décennies à venir. Toutefois, et afin de garder un optimisme vital nécessaire, nourri par une foi peut être naïve dans la capacité des sciences à améliorer le quotidien de l’Homme, il semble plus productif, du moins dans le domaine des idées, de traiter de l’Intelligence Artificielle à travers un prisme d’angles globalement positifs, faisant de cette nouvelle technologie révolutionnaire l’outil vertueux ultime dans la marche de l’humanité vers son avenir, qui espérons-le, sera meilleur. Du moins techniquement.

A venir

L’article suivant sur cette série consacrée à l’Intelligence artificielle, prévue en cinq publications sur le site www.flying-tek.com/wp01, permettra de se rapprocher un peu plus des aspects techniques de l’IA, afin de mieux connaitre ce qui fait sa puissance d’aujourd’hui et son potentiel de demain. Il traitera également du jeu de ses acteurs principaux, qu’ils soient privés ou publiques. Il donnera une idée plus précise sur les inégalités de son développement entre les « Game Changer » en tête de peloton, le ventre mou de ce classement et le reste du monde. 

Enfin il ouvrira la voie sur quelques approches et démarches possibles afin d’exister dans cette nouvelle révolution industrielle, appuyées par des avis et des pistes émanant d’experts mondiaux de ce nouveau monde.  

4 commentaires Ajoutez les votres
  1. Excellente approche de cet aspect inéluctable de notre futur. Ou se situe le maroc et la politique marocaine dans cette révolution technologique ?

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